Trésor d’avril 2017: Le collier de perles de Mme Thiers

Les trésors de la bibliothèque

C’est un trésor un peu particulier que nous vous présentons aujourd’hui, puisque c’est un trésor disparu. Nous n’avons plus de traces que de sa vente, dans un dossier de presse coté Ms T 1391. En effet, en juin 1924, à grand renfort de superlatifs, les journaux français et étrangers annoncèrent puis rendirent compte d’une vente fabuleuse : celle du collier de perles de Mme Thiers.

Peu après son mariage avec Adolphe Thiers en 1833, la jeune Elise Dosne, 15 ans, commença à collectionner des perles achetées chez divers joailliers de la capitale. La mode n’était pas aux perles, à l’époque, ce qui lui permit de les acquérir à des prix raisonnables. En revanche, il s’agissait alors de perles fines, naturelles, les perles fausses et les perles de culture dites japonaises n’existant pas encore. À une date indéterminée, Elise, qui continuait sa collection de perles, les fit monter en collier à trois rangs réunis par un fermoir de rubis et de diamants. À sa mort, en 1880, le collier comptait 106 perles dont la plus grosse avait été payée 25.000 Frs. On estimait le montant total d’achat du collier à 236.000 Frs. Dans son testament, Mme Thiers fit don du collier au musée du Louvre, en même temps que d’autres de ses bijoux et les objets d’arts collectionnés par son mari. Elle en laissait cependant l’usufruit à sa sœur Félicie, qui augmenta le collier des 39 perles qu’elle possédait en propre, soit 145 perles en tout. Mlle Félicie Dosne remit finalement le collier et les bijoux au Louvre en 1881.

Le collier de Mme Thiers fut exposé pendant plusieurs dizaines d’années aux côtés des joyaux de la Couronne. Cependant, jugeant que cet objet avait une valeur plus économique qu’artistique ou historique et, comme tel, n’avait pas vraiment sa place dans un musée, le Louvre demanda l’autorisation de le vendre avec d’autres bijoux. Cette vente dut être approuvée par l’Etat, par une loi du 29 décembre 1923 signée par le président de la République Alexandre Millerand. Il fallait aussi l’accord de l’exécuteur testamentaire de la famille Dosne-Thiers, le duc de Massa, qui autorisa la vente à condition que son produit soit versé à la fondation Thiers, à la maison de retraite Dosne, et à la Caisse des Musées nationaux.

La vente aux enchères fut organisée le lundi 16 juin à 14h30 dans la galerie Denon du Musée du Louvre, attirant une foule considérable et cosmopolite. Outre le fameux collier de perles furent également vendus d’autres bijoux de Mme Thiers : un pendentif en forme de croix serti de brillants et de roses, une châtelaine pavée de diamants et saphirs supportant une montre, et un collier indien formé de cinq rangs de petites perles, motifs d’or, turquoises et motifs floraux émaillés. Le tout sera vendu 11.374.000 Frs, le collier de perles atteignant à lui seul la somme considérable de 11.280.000 Frs, soit plus de 40 fois sa valeur d’achat. Il faut dire qu’entretemps, les perles étaient devenues à la mode…

Le collier fut adjugé à MM. Hemsy et Lopez, lapidaires, qui enchérissaient pour le compte de la maison Cartier. Le bijou fut d’abord présenté rue de la Paix, à Paris, avant d’être exposé de l’autre côté de l’Atlantique, dans la boutique que Cartier avait ouverte sur la 5ème Avenue à New York. Le bijoutier dut, pour cela, acquitter des frais de douane de 20% du prix d’achat !

Qu’est donc devenu le collier de Mme Thiers ? Nul ne le sait. On perd sa trace dans la boutique américaine de Cartier. Sans doute a-t-il été vendu à un riche anonyme, et les perles dispersées pour composer de nouveaux bijoux…

 

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